Vertus ordinaires des cultures populaires
Ya-t-il encore un sens à parler de « culture populaire » ? Ou ce sens s’est-il récemment transformé au point que nous faisons usage de cette expression sans vraiment savoir ce que nous disons ? Dans Les Voix de la raison, Stanley Cavell définit la philosophie comme « éducation des adultes » en parallèle à son ambition de donner à la culture populaire – le cinéma hollywoodien, qui l’intéresse prioritairement – la fonction de nous changer et même de nous métamorphoser. Quelle est cette éducation ? Comment envisager de continuer à grandir après la fin de l’enfance ? Cavell définit la croissance, une fois passés l’enfance et le temps du développement physique, comme capacité à changer. C’est celle qui est par exemple à l’œuvre dans les comédies du remariage qu’il a étudiées et qui mettent en scène l’éducation mutuelle des héros et leur transformation par la voie d’une séparation et de retrouvailles. La philosophie consiste alors à replacer la culture populaire dans son imagination, son langage et sa vie.
Citer cet article : Laugier, S. (2012). Vertus ordinaires des cultures populaires. Critique, 776-777, 48-61. https://doi.org/10.3917/criti.776.0048