Les séries télévisées : éthique du care et adresse au public

Le cinéma dans certaines de ses formes classiques (comédies du remariage) ou mineures (comédies romantiques) mais aussi majeures et récentes (par exemple les derniers films de Clint Eastwood, de Million Dollar Baby à Gran Torino) s'est intéressé au care et en a fait un objet central. Mais il est évident que le lieu d'expression du concernement pour le care, pour ainsi dire le care du care, a été, depuis longtemps, la télévision. Le travail de Sabine Chalvon, notamment, a été crucial pour mettre en évidence la pertinence morale de ce matériau des séries, par son exploration très systématique des préoccupations morales des scénaristes. Une telle pertinence répond exactement à un certain nombre de préoccupations éthiques et esthétiques contemporaines et notamment à la question, soulevée par Stanley Cavell de la part morale des oeuvres « publiques », et de la forme d'éducation qu'elles suscitent précisément dans ce public, et ce privé, qui sont créés par ces formes de communication, cinématographiques comme télévisuelles. La façon dont nous nous soucions des séries et de leurs personnages, et dont les séries prennent soin de nous, est essentielle à leur rôle.

 

Citer cet article : Laugier, S. "Les séries télévisées: éthique du care et adresse au public", Raison publique, no. 11, 2009, pp. 273-286.