La pensée des séries télévisées : une lecture perfectionniste de "Homeland" et du "Bureau des légendes"
Partant de l’œuvre de Stanley Cavell, et de ses écrits, moins réputés, sur la télévision, cet article entend faire valoir l’importance des séries télévisées dites d’espionnage pour nos formes de vie démocratiques. Prenant appui sur deux productions récentes, l’une américaine (Homeland, Showtime, 2011-2019), l’autre française (Le Bureau des légendes, Canal+, 2015-en production), il s’agira de montrer comment ces séries permettent une éducation morale et politique d’un genre nouveau, au-delà du simple reflet des problématiques sécuritaires contemporaines. Le terme « éducation » doit ici s’entendre au sens perfectionniste : non comme l’inculcation de normes, ni comme l’explicitation des bonnes valeurs à suivre, mais comme permettant une transformation de l’individu et de la société par la création d’une culture partagée et partageable par tous. Bien plus que des divertissements, ces séries révèlent au public des questions généralement absentes de la conversation démocratique - le secret, la violence et la raison d’État - c’est-à-dire les principes illibéraux qui sous-tendent les régimes démocratiques. Par le visionnage, le commentaire et le partage de ces séries, elles permettent donc au téléspectateur-citoyen de se saisir d’une part cachée et non moins problématique du politique.
Citer cet article: Pauline Blistène, « La pensée des séries télévisées : une lecture perfectionniste de Homeland et du Bureau des légendes », TV/Series [En ligne], 19 | 2021, mis en ligne le 06 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/tvseries/5098 ; DOI : https://doi.org/10.4000/tvseries.5098