Regard sur

Quand la gauche regarde "La Fièvre" (Le Nouvel Obs)

Désormais intégralement disponible sur Canal+, la série d’Eric Benzekri sur la possibilité d’un conflit identitaire en France suscite l’intérêt des politiques et intellectuels de gauche et inquiète pour l’avenir de la démocratie. Une thérapie de choc ?

Le 29 février, le cinéma Pathé Opéra accueille l’avant-première parisienne de La FièvreDans la salle, la chaîne Canal+ reçoit le Tout-Paris de la gauche : l’ancien ministre Arnaud Montebourg, les insoumis Alexis Corbière et Raquel Garrido, les socialistes Jérôme Guedj et Arthur Delaporte ou encore l’écologiste Delphine Batho. C’est que la nouvelle série d’Eric Benzekri fait le buzz : elle synthétiserait l’époque et ses peurs. Le scénariste n’avait-il pas déjà anticipé dans « Baron Noir », sa précédente création (trois saisons diffusées entre 2016 et 2020), l’ascension d’une personnalité centriste, l’explosion de la gauche sociale-démocrate et l’émergence d’une figure antisystème ?

Article par Arnaud Sagnard, pour Le Nouvel Obs à découvrir intégralement ici.

La philosophe Sandra Laugier, coordinatrice de l’ouvrage collectif Les séries. Laboratoires d’éveil politique (CNRS Editions, 2023), estime qu’en ce sens La Fièvre appartient à un mouvement plus global, déjà très présent aux Etats-Unis, où la présidentielle du 5 novembre fait craindre une bascule possible vers le totalitarisme :

"Beaucoup de séries se nourrissent et illustrent une crainte de l’avenir, incarnée en particulier par une chute de la démocratie et l’avènement d’un régime fasciste."

La philosophe voit aussi dans l’écho dont bénéficie la série la confirmation d’une thèse qu’elle défend :

"Les séries ont un pouvoir d’éducation sur le public et, in fine, d’amélioration de la société. Ce ne sont pas des miroirs mais des outils d’analyse qui agissent sur le public."

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