Sur "La Fièvre". Enseignements politiques d’une série (Fondation Jean Jaurès)
Les séries disent quelque chose de notre époque. Prendre au sérieux ce qu’elles nous racontent est d’autant plus nécessaire dans le cas de La Fièvre, qui aborde un ensemble de thématiques d’une actualité brûlante, comme la défiance envers la démocratie ou le rôle des réseaux sociaux. C’est la raison pour laquelle la Fondation s’est penchée sur cet objet pop-culturel mais également politique qu’est La Fièvre, à travers plus de trente regards, analyses ou entretiens, faisant converser ainsi un collectif de personnalités diverses – experts, responsables politiques, acteurs de la société civile ou universitaires.
Sous la direction de Raphaël LLorca et Jérémie Peltier, le livre fait co-signer : Raphaël LLorca, Jérémie Peltier, Jean-Marc Ayrault, Laurent Berger, Antoine Bristielle, Giuliano da Empoli, Arthur Delaporte, Laurence de Nervaux, Dorian Dreuil, Aurélie Filippetti, Stéphane Fouks, Jérôme Fourquet, Marie Gariazzo, Guénaëlle Gault, Harold Hauzy, Renaud Large, Sandra Laugier, Rémi Lefebvre, Milo Lévy-Bruhl, Denis Maillard, David Medioni, Asma Mhalla, Anne Muxel, Frédéric Potier, Iannis Roder, Johanna Rolland, Pierre Rondeau, Anne Rosencher, Anne Sinclair, Adelaïde Zulfikarpasic.
Extraits du chapitre de Sandra Laugier : "La Fièvre nous rend-elle meilleurs ? Éducation politique et réflexivité en séries"
Cette véritable "esthétique" de la pédagogie est la marque d’un "genre" de séries : celles qui visent à informer et former le spectateur et pas seulement à élargir son expérience en lui faisant connaître des milieux peu familiers. Ainsi Baron noir (Canal+, 2016-2020), la série précédente d’Éric Benzekri, est devenu un paradigme de série politique, mais aussi une source infinie d’éducation politique, d’introduction à la "forme de vie" démocratique visant la formation d’une société devenue cynique, ouvrant une possibilité de réenchantement de la démocratie que l’on retrouve enfin dans les derniers épisodes de La Fièvre. (p. 8)
La Fièvre (comme Baron noir) appartient à une ancienne génération de séries qui croit en l’élévation morale du spectateur – y compris quand la série elle-même se risque dans des directions qu’on peut considérer comme ambivalentes. La série a pour ambition de nous armer (pas au sens de Marie Kinsky) – de nous armer conceptuellement et démocratiquement, ce qui est la seule façon aujourd’hui de nous défendre. Elle permet de voir toute la difficulté de la politique aujourd’hui, et, en ce sens, est bien plus pessimiste encore que Baron noir. Mais tout en ironisant désormais (le ministre de l’Intérieur opportuniste ! la grotesque "autre assemblée" !) sur la politique "politicienne" qui avait encore son charme dans Baron noir, elle donne à plusieurs reprises des pistes pour redonner une place aux citoyens et réinventer la fraternité dans les valeurs partagées du populaire et de la coopération des citoyens. La Fièvre affirme et démontre à chaque instant la puissance de ce médium populaire majeur qu’est la série télévisée et le rôle qu’il a désormais à jouer dans le combat pour défendre la société. (p. 12)
À découvrir en intégralité ici : Sur La Fièvre. Enseignements politiques d'une série