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Séminaire

Ginette Vincendeau : "Femmes de pouvoir dans les séries policières : à quel prix ?"

Rejoignez-nous pour la seconde séance du séminaire de Demoseries, qui accueillera Ginette Vincendeau autour dune présentation intitulée : « Femmes de pouvoir dans les séries policières : à quel prix ? »

Résumé de la présentation

La présence de personnages féminins de premier plan dans les séries criminelles (séries policières, judiciaires ou d’espionnage) et donc dans des rôles longtemps considérés comme des bastions masculins, est devenue pour ainsi dire banale. Elle est liée à des changements sociétaux importants avec en premier lieu le nombre grandissant de femmes dans la police et la magistrature et au sein des équipes de production (showrunners, scénaristes, réalisatrices). Ce phénomène s’inscrit dans la féminisation des séries en tous genres, au niveau français et international (Beylot et Sellier 2004; Brey 2016 ; Laugier 2019 ; Toulza 2022) – avec, entre autres, en France Julie Lescaut (1992–2014), Une femme d’honneur (1996–2008), Avocats et associés (1998–2010), Engrenages (2005–2020 et Capitaine Marleau (2014–), ainsi que les séries britanniques Prime Suspect (1991–2006), Vera (2011–), Broadchurch (2013–2017), Marcella (2016–2021) et Happy Valley (2014–2023); aux USA, Cagney and Lacey (1981–1988) et la série d’espionnage Homeland (2011–2020); en Nouvelle Zélande, Top of the Lake (2013–2017) et parmi les séries scandinaves : Forbrydelsen (2007–2012), Bron (2011–2018) et Trom (2022–) ; la liste n’est pas exhaustive.  

En prenant appui sur la série Engrenages, cette présentation propose une réflexion sur la complexité de ces personnages quant à leur représentation de la féminité. En effet, si les discours promotionnels décrivent les héroïnes d’Engrenages, à savoir la policière Laure Berthaud (Caroline Proust) et l’avocate Joséphine Karlsson (Audrey Fleurot) comme des femmes « puissantes » qui contredisent à chaque épisode « l’illusion d’un monde d’hommes » (Engrenages podcast 2019, épisode 4) et le quotidien britannique The Guardian voit en Laure Berthaud une « anti-héroïne féministe », d’autres analyses posent la question de savoir si l’apparente maîtrise professionnelle et l’autonomie de ces « femmes de pouvoir » ne se font pas au prix de leur réinscription dans des schémas genrés traditionnels, voire archaïques (Klinger 2018 ; Courcoux 2015). La présentation abordera ces questions par le biais du portrait de ces personnages féminins sur le plan visuel, de leur trajectoire narrative, liée comme l’avance Linda Williams à propos de la série américaine The Wire au mélodrame (Williams 2014), des conflits entre vie personnelle et activité professionnelle et du fort ancrage des personnages dans leur corps (sexualité, viol, maternité).

Ginette Vincendeau est professeure émérite d’études cinématographiques à King’s College London et co-rédactrice en chef de la revue French Screen Studies ; elle contribue à la revue Sight and Sound. Ses travaux portent en majorité sur le cinéma français populaire et les stars. Elle a réuni, avec Peter Graham, The French New Wave, Critical Landmarks (BFI, 2009) et avec Alastair Phillips, Journeys of Desire, European Actors in Hollywood (2006) et A Companion to Jean Renoir (2013) ainsi que, avec Mary Harrod, The Bloomsbury Handbook to Agnès Varda (à paraître en 2026). Elle est l’auteure notamment de Stars and Stardom in French Cinema (Continuum, 2000 – paru en français chez L’Harmattan en 2008) ; Jean-Pierre Melville, an American in Paris (BFI, 2003), La Haine (I.B. Tauris, 2005), Brigitte Bardot (BFI, 2013) et Brigitte Bardot, The Life, The Legend, The Movies (Carlton ; sorti en français chez Gründ, 2014). Elle termine actuellement et un livre sur Claude Autant-Lara à paraître en 2025 chez Manchester University Press.

L’événement se déroulera en ligne via Zoom. Pour vous inscrire, cliquez ici.